*Agnotologie : étude de la production culturelle de l'ignorance, du doute ou de la désinformation. Dans une acception plus générale, l'agnotologie peut désigner l'étude de l'ignorance au sens large.
« Une idée fausse, mais claire et précise aura toujours plus de puissance dans le monde qu’une idée vraie, mais complexe. »
Alexis de Toqueville
Avertissement au(x) nouveau(x) lecteur(s)
Derrière les 19 lignes qui suivent se cache un test de motivation pour savoir si les quelques minutes que vous pourriez passer à lire ce billet en valent bien la peine, eut égard aux heures (nombreuses) qu’il aura fallu pour l’écrire…Vous êtes donc prévenus et il est encore temps de renoncer à un exercice qui s’annonce long et fastidieux…
Oui je sais, je me répète peut-être mais mettez-vous à ma place aussi… Un peu d’empathie que diable ! Garder le cap de l’optimisme et appliquer la Psychologie Positive au quotidien n’est déjà pas une mince affaire... Mais alors découvrir que
59% des personnes qui partagent des articles sur les réseaux sociaux n’ont lu que les titres et rien de leurs contenus (Gabielkov et al.,2016)
fut pour moi la voûte qui fit déborder le gaz…Reconnaissez tout de même qu’il y là de quoi y perdre son lapin comme me le disait récemment mon amie Chantal* suite à sa rupture avec son super Mario (bah oui faut suivre, le latin quoi !). Ainsi, et même si j’eu du mal à le croire ; c’est à ce moment-là d’après les spécialistes consultés, que les premiers symptômes de monfusion quentale seraient soi- disant arappus…Mais hors de question de me laisser endormir par ces grands malades en blouse blanche. Je ne suis pas du genre à prendre des léssies pour des vanternes et comme ma chère amie Brigitte : je n’ai besoin de personne en Harley Davidson !
Aussi, je vous informe que grâce à une technologie que je suis le seul au monde à détenir (Met la Gomme Annie !), j’ai les noms de ceux et celles qui auraient l’idée saugre et nue de partager ce billet sans l’avoir lu et je n’hésiterai pas dans le futur à lâcher mes hommes demain !
En effet, d’une part, nul n’est censé ignorer la loi, d’autre part : N’en a marre du (ou de la, même combat) Covid et il est temps que Toussa cesse sous peine que tout le monde les perde…ses lapins l
*La Chantal aux lapins qui tuent les chasseurs le matin...M'ENFIN ! La femme de Jean-Jacques (à dormir ) Debout
Bon, si vous êtes encore là après cette introduction ; c’est que :
- Vous êtes salement amochés sur le plan psychique et il faut tout de suite consulter
- Votre buraliste vous a vendu du CBD trafiqué au THC
- Les deux mon Capitaine et dans ce cas il est déjà trop tard, je ne peux plus rien pour vous !
- Vous êtes un(e) habitué(e), vous avez insisté parce que vous savez ce qui vous attend…
- Votre encéphale vient de se faire sauvagement « hacké » mais rassurez-vous… Si vous persévérez, vous apprendrez sûrement des choses 🙂
« Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu… »*
*Et désolé Michel, j’ai bien essayé de « faire comme l’oiseau » mais là pas moyen de décoller
Graph petite fille au ballon
Depuis plus d’un an maintenant, tous nos repères et nos « bonnes vieilles habitudes » avaient été balayées par ce truc qui était au grain de sable ce que nous étions à l’univers, un espèce d’Hannibal Lecter miniature habillé en Cardin. Nos amis psy n’avaient de cesse de nous alerter sur les ravages que les sentiments d’inconnu et d’impuissance faisaient dans toutes les strates de la population. Pour la plupart d’entre nous, cela se traduisait par cette sensation d’être « à fleur de peau », sensation que nous tentions vainement de combattre en ignorant notre ressenti, voire en le minimisant… Peine perdue, puisque selon un mécanisme bien connu en psychologie : moins nous accordons de place à une émotion, plus elle en prend…Ainsi, l’enquête CoviPrev menée régulièrement auprès des Français par Santé Publique France depuis Mars 2020, laissait observer une hausse générale de l’anxiété et des états dépressifs nourrit par des émotions dominantes de peur et de tristesse.
Cette angoisse diffuse, nous la retrouvions bien sûr dans nos entretiens de coaching individuel comme dans les questions que nous amenaient nos clients sur leurs collectifs. C’était comme si la toute puissance illusoire conférée par le savoir sur lequel nous avions bâtit nos certitudes et établis nos prédictions de croissance infinie était battue en brèche par la douloureuse prise de conscience de notre immense ignorance.
Le “brief du moment”: Houston, we have a problem!!!
Poulpe échoué/Bryan Burgos
Il y a six ans maintenant que nous avions « choisi » de quitter la « vieille dame » qui « le valait toujours bien, voire même de plus en plus 🙂 » … Ainsi, après 29 ans de bons et loyaux services et après moult (abréviation ici de « moultiple ») réflexions, notre naturelle inclinaison à la déviance positive nous avait conduit à franchir le pas : quitter la sécurité que procure la sensation d’appartenance au groupe pour embrasser le statut d’indépendant. Depuis lors, « libéré- délivré japanese version » des reporting perpétuels, des réunions sans fin et des luttes des Goths (à prononcer GO, qu’ils soit Wisi ou Ostro même combat) ; nos missions de coach et consultant appréciatif s’étaient enchainées dans des univers très variés pour accompagner les transformations individuelles et collectives afin de conjuguer épanouissement, quête de sens et performance optimale. En Mars 2020, les injonctions au changement à grand coup de réorganisations permanentes exhortant tout un chacun à « sortir de sa zone de confort » avaient pris une autre tournure. Changer, se transformer, se réinventer, innover…autant de termes galvaudés qui tenaient pourtant de moins en moins de l’intention affichée et de plus en plus de l’obligation vitale pour la survie de bon nombre d’organisations…
Dans ce nouveau paradigme de l’inconnu-inconnu (The Black Swan : the impact of the highly improbable, Penguin, 2007), le « brief du moment » ressemblait le plus souvent à cela, même si bien sûr « toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite » :
Votre mission Mr M si vous l’acceptez, consistera à nous aider à :
Earth from space
Globalement, faire comprendre que l’incertitude et l’impermanence sont aujourd’hui des constantes normales de tout environnement et qu’il convient de les intégrer comme une caractéristique incontournable de l’univers professionnel dans lequel nous sommes (plus que jamais) appelés à évoluer et à nous développer…
Plus spécifiquement, il s’agira donc de nous permettre collectivement de répondre aux questions suivantes :
- comment mieux / bien vivre le changement, alors même qu’il n’est pas souhaité ?
- comment accepter le changement sans forcément en partager le sens ?
- comment voir le côté positif du changement avant ses apparentes contraintes ? Rebondir plutôt que subir ?
- comment anticiper au mieux l’arrivée du changement ?
- comment garder en toute circonstance confiance en soi, en ses capacités, comment renforcer l’estime de soi, « se blinder » pour affronter le changement imprévu ?
- comment rester motivé et « focused » lorsque le changement / la « tempête » arrivent ? (Damned ! Alors c’est vrai, Winter is coming ?)
- en prenant exemple sur la réorganisation en cours, comment faire le deuil le plus vite et le mieux possible de l’organisation passée pour se projeter dans un nouvel environnement ? Comment mieux/bien passer de la fin d’un cycle au commencement d’un nouveau ?
- comment comprendre que l’intérêt général (une réorganisation porteuse de sens et de résultats à moyen et long terme pour l’Entreprise) peut parfois bousculer les intérêts individuels (la place de chacun à court terme dans le projet de nouvelle organisation) ? Comment concilier les deux : intérêt général à moyen et long termes, intérêts individuels à court terme ?
- quelle prise de recul, quelle distanciation individuelle développer (et comment le faire ), par rapport à des évènements contextuels perturbateurs, afin de conserver en soi les compétences structurelles qui seront utiles lorsque les choses se seront stabilisées ?
- si changement il n’y a pas pour le moment, comment mieux/bien prendre en mains son destin en anticipant bien/mieux son arrivée probable mais non certaine ?
Enfin, vous l’avez compris, tout cela est aussi « stratégique qu’urgent » mais nous sommes pris par le temps. Vous avez deux jours et bien sûr vu le contexte, tout devra se faire à distance... A la fin de cette session, chaque participant devra se sentir « grandi », « apaisé », « solidifié » et investi de la mission de faire partager cet état d’esprit à toutes celles et ceux qui n’auront pas pu y participer.
En général dans ces cas-là, nos prédispositions hypocondriaques nous inclineraient vite à tomber instantanément en syncope, éprouver les douces sensations d’une pré-catalepsie, voire à expérimenter les bienfaits d’une bonne crise de spasmophilie… Heureusement, notre Boîte à Outils de la Psychologie Positive et la pratique assidue du Code MORSE revu et corrigé par POP (Positive Organisations & People) nous aidait jusqu’à lors à garder le cap et à nous maintenir à flot sur cet océan d’ignorance qu’était devenu le monde d’avant.
Agnotologues, unissez-vous !
Waiting for the Wave/Jess
En voilà une idée…Et pourquoi pas un Doctorat en Agnotologie ? Alors rassurez-vous, il y a encore quelques semaines, nous aurions été bien en peine pour qualifier ce que notre bonne amie la Rousse définissait comme « L’étude et la production culturelle de l’ignorance, du doute ou de la désinformation ». Alliant ainsi la sociologie, la philosophie et l'histoire des sciences, ce champ d’étude s’intéresse à l’ignorance ainsi qu’aux moyens permettant de la produire, la préserver et la propager. Inventé par l'historien des sciences Robert Proctor en 1992, le terme est inspiré du mot grec ἀγνῶσις / agnôsis, « ne pas savoir ». Depuis notre billet précédent sur l’explosion de l’ultracrépidarianisme, la situation ne s’était pas vraiment arrangée et bien au-delà de la sempiternelle théorie de la conspiration, force était de constater que « plus on savait, moins on savait ; plus on était informé, moins on comprenait... »
Alors bien sûr, notre humaine condition et nos câblages neuronaux ne pouvaient se satisfaire de cet état de fait et si chacun(e) y allait de ses explications, il semblait qu’un sentiment général de chaos et de confusion gagnait peu à peu les esprits. Si, comme l‘avait si bien dit Jacques, notre vieil ami corse ; le monde entier était devenu un cactus et que nous nous piquions de le savoir, notre mission de Coach et de Consultant appréciatif nous enjoignait (et n’enjoint pas qui veut !), de faire la lumière sur les ravages de l’ignorance produite à une échelle jamais vue dans l’histoire de l’humanité. Décidément, ce n’était pas encore pour cette fois que nous aurions la chance de retrouver ce cher Henri pour enfin voir Syracuse ! Aussi, enfilant notre costume d’agnotologue en deux coups de cuillères à Pau (il fallait bien partir de quelque part !), nous nous mîmes (et vous ami lecteur, à quel moment vous mîtes-vous ?) à notre nouveau programme : étudier le « pourquoi et le comment de ce que nous ignorions !? »
Et toi ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
Moi ? Je fabrique de l’ignorance…
Le coup de pouce destin pour cette enquête qui s’annonçait compliquée vint de notre indicateur australien Robert Muda qui nous fit parvenir une vieille K7 VHS édifiante nous recommandant (Ah ce cher Cousteau ) de la voir absolument : La fabrique de l’ignorance. Dans ce documentaire fouillé, on découvrait comment depuis les années 60, certaines industries avaient commencé à utiliser la « science contre la science » ; autrement dit à produire un discours scientifique qui visait à semer le doute et créer la confusion sur les impacts de leurs activités en matière de santé publique et d’environnement. Ainsi la production d’ignorance était proportionnelle à la production de connaissance et tout cela bien sûr avait pris une toute autre tournure depuis tin-ternet et ces bons vieux réseaux sociaux qui ne nous voulaient que du bien. Alors pas étonnant en ces temps de pandémie qui n’en finissaient pas que nos pauvres petits cerveaux fassent l’objet d’une lobotomie aussi silencieuse que digitale.
-Breaking News-
Saint Thomas s’était trompé… « On ne croit pas ce que l’on voit, on voit ce que l’on croit !
Attention
Dans son remarquable TEDX, le neuro scientifique Albert Moukheiber démontre comment notre cerveau crée ce que nous croyons être « la réalité » en sélectionnant à notre insu certaines informations plus que d’autres. En outre, fruit du processus d’adaptation de notre espèce, nous avons tendance à surestimer tout ce qui représente un risque pour notre survie et le principe de sélection naturelle cher à Darwin a favorisé les individus plus sensibles que d’autres aux alarmes, que celles-ci soient fondées ou non. Autant dire que ce qui peut être un avantage pour survivre en environnement normal peut vite devenir une source majeure de tendances paranoïaques dans un environnement où les stimulations informationnelles ont explosé. Bombardés d’information de toute part, nos cerveaux sont dans un brouillard cognitif perpétuel aussi épais qu’un lundi matin de Février à l’aéroport de Londres Heathrow. Songez plutôt :
- Depuis le début des années 2000, nous avons produit plus d’information que depuis l’invention imprimerie par ce bon vieux Gutenberg (perdu de vue d’ailleurs depuis le CE2)
- En 2017, nous avons envoyé 253000 textos, effectué 60000 recherches sur Google par seconde, échangé 527760 photos sur Snapshat et 456000 tweets par minute
- Enfin, 90% des information disponibles dans le monde ont été rédigées dans les deux dernières années
(Data never sleeps 5.0 : www.domo.com/learn/data-never-sleeps-5)
…. Et on croit d’autant plus ce que l’on craint ! »
A régné !
Supportée par de nombreuses recherches en neurosciences, l’une des vertus de la Psychologie Positive est de nous aider à prendre conscience de ce qui mobilise notre attention et de la façon dont cela impacte nos « croyances sur le monde », nos « comportements dans le monde » et donc notre capacité à éprouver plus ou moins de « satisfaction à être au monde ». Pour ma part, l’une des premières révélations dans la découverte de ce champ fut la prise de conscience de l’impact majeur du biais de négativité.
Les études en la matière du psychologue John Cacioppo tendent à penser que :
- notre cerveau répond de façon plus forte aux stimuli sensoriels, cognitifs et moteurs négatifs qu’aux événements positifs
- ce biais de négativité nous incite et nous influence à nous concentrer sur le négatif qui nous entoure influençant ainsi notre prise de décision
- notre motivation est plus stimulée par une tâche qui consiste à éviter une expérience négative (objectif d’évitement) que motivés par une tâche lorsque le prix est une incitation positive (but d’accomplissement)
De nombreuses études montrent qu’en matière de perception des risques, les informations négatives ont un impact très supérieur aux informations positives (Siegrist & Cvetkovich, 2001). Alors dans le contexte extra-ordinaire de la pandémie, notre tendance naturelle à pencher vers le négatif va :
- impacter notre perception de l’autre (Peut-il (elle) potentiellement me contaminer ?)
- nous inciter à attendre au pire de la part des autres (« Ils » veulent nous éliminer…)
- affecter notre prise de décision et les risques que nous sommes prêts à prendre (Antivax ? AstraZeneca ? Pfizer ? Johnson & Johnson ? Moderna ?...)
Les « produits de la peur » se diffusent mieux… et beaucoup plus vite !
Let's Panic
Avec l’avènement de l’ère digitale, les moyens de désinformer se sont donc développés proportionnellement aux moyens d’informer… Comme la finance de la grande époque des Loups de Wall Street, le marché cognitif a aussi connu sa grande dérégulation avec la disparition des sources d’information limitées et contrôlées et la prise de contrôle des « réseaux (dit) sociaux » (enfin, en principe) qui permettent à chacun d’être une source, voire un amplificateur potentiel d’information. Les « produits de la peur et de la colère », fondés ou non, sont beaucoup plus faciles et rapides à produire que ceux qui requièrent le temps et la précision d’une vraie recherche objective. De fait, ils ont un véritable avantage concurrentiel sur notre capacité d’attention et ce sont ceux qui par effet d’attraction et d’amplification, vont circuler le plus vite sur la toile. Selon trois chercheurs du MIT qui ont étudié 126 000 histoires diffusées sur Twitter pendant dix ans, le faux contamine le monde six fois plus vite que le vrai ! Et tout cela non pas parce que des robots font le job mais bien parce que les humains que nous sommes partagent plus facilement ce genre d’informations. Ainsi, dans le monde enchanté de Twitter, une fake news a 70% de chance d’être partager qu’une information fiable et il faut à la vérité à peu près six fois plus longtemps que la fausseté pour toucher 1.500 personnes
(Vosoughi, Roy & Aral, 2018).
Ah oui…. Et puis il y a aussi la loi de Brandolini et l’art suprême du Bullshit !
Programmeur italien, Brandolini formula sa loi lors d’une conférence en 2013 : « La quantité d’énergie nécessaire à réfuter des idioties est supérieure à celle qu’il faut pour les produire.» Autrement plus connu comme le principe d’asymétrie du Total Bullshit expliqué par le chercheur en neuroscience Sebastian Dieguez (PUF, 2018). Littéralement la « merde de taureau », le Bullshit que l’on pourrait traduire joliment en français par "fadaises" ou "foutaises" selon le milieu social n’est pas ici un état intermédiaire entre la vérité et le mensonge, mais davantage une forme d’indifférence à l’égard de la vérité. Centré sur sa performance, le « bullshitter » ne connaît pas nécessairement la vérité (ce qu’implique un mensonge), cela lui est d’ailleurs totalement égal, seuls comptent à ses yeux les bénéfices qu’il peut attendre de son discours. Alors bien sûr, on a tous en tête de grands bullshiteurs devant l’Eternel connus ou anonymes (Pouvez pas rater mon pote Eddy !) mais le fond du problème c’est que nous sommes tous bullshiteurs dès que l’on traficote un peu la vérité (toujours avec de bonnes raisons bien sûr !). Seulement là attention car comme nous le dit Gérald Bronner : « Toute personne ou institution se donnant pour but de diffuser de l’information, dans un contexte de cacophonie cognitive, mise sur sa capacité à capter une part de notre disponibilité mentale. Sur un marché dérégulé, le succès de cette entreprise révèlera certains des impératifs anthropologiques de notre attention : ici, la peur. » (Apocalypse Cognitive, 2021).
Et si la solution résidait dans votre cortex cingulaire ?
Brain
C’est à la lecture de l’ouvrage du polytechnicien et docteur en Neurosciences Sébastien Bohler (Où est le sens ?, 2020), que nous avions résolument choisis de faire face à ce renouveau de l’obscurantisme en adoptant une stratégie aussi rationnelle que scientifique. Ainsi, conscients que notre cortex cingulaire antérieur, vestige de l’évolution de notre espèce conditionnait nos réactions de stress impliquées dans la peur et l’angoisse de ne pas « trouver de sens » aux évènements et aux information pléthoriques de l’ère digitale, il s’agissait de « reprendre le contrôle » sur notre « temps de cerveau disponible »… Expression que formulait déjà en 2004 le Pdg de TF1 Patrick en disant à ses annonceurs :« Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible". Un début de réponse pouvait se trouver dans les premières découvertes des Neurosciences Existentielles. Ce champ d’étude récent tente de comprendre comment notre cerveau réagit face aux grandes questions relatives à notre existence, aux notions de destin, d’incertitude, de mort et de survie. Biologiquement programmés pour chercher (et donc trouver) du sens dans le monde qui nous entoure, nous sommes rassurés dès lors que le cadre d’interprétation de la réalité est à la fois global et stable et cela même si tout n’est pas complètement compréhensible. Dans le cas inverse, comme par exemple une situation aussi improbable qu’une pandémie générant des situations décousues, incohérentes et chaotiques, des signaux d’alarmes s'allument très fort et provoquent la libération d’hormones comme le cortisol et la noradrénaline qui génère un état d'angoisse profond. Si la situation perdure, cela débouche alors sur un stress chronique, voire une dépression.
Mais où est le sens ?
Où est le sens ?
Les choses sont bien sûr plus complexes que cela mais pour simplifier, le sens repose sur deux dimensions différentes et complémentaires :
- La projection dans un futur proche ou plus lointain par le lien que l’on trouve entre ce que l’on fait au présent et le résultat que l’on peut en attendre à l’avenir. Il s’agit là de répondre aux questions d’où l’on vient et où l’on va ? Ici la construction du sens se fait par la cohérence et la logique de la temporalité dans laquelle s’inscrit notre existence
- La cohérence entre les valeurs auxquelles on croit et la manière dont on agit au quotidien. Cet « accord avec soi-même » s’exprime à la fois sur le plan cognitif (la tête) mais aussi sur le plan émotionnel (le cœur) et bien sûr par les sensations (le corps).
De façon générale et à fortiori dans le contexte actuel, nous constatons que c’est souvent sur cette deuxième dimension que le coaching individuel peut aider la personne à trouver ou retrouver le fil de sa vie…et pas seulement de sa carrière ! C’est aussi ce qui se joue de plus en plus sur le plan collectif ou organisationnel à travers notamment la désormais sacrosainte « raison d’être » sur laquelle tout CODIR est amené à se « mettre au vert » pour s’introspecter et trouver un sens à donner à des collaborateurs qui pour 63% d’entre eux, considèrent que c’est à leur manager de le leur communiquer ! (Etude Deloitte et Viadeo, 2017. Echantillon : 2000 personnes)
Avoir des valeurs c’est bien, les connaître c’est mieux !
Pas mieux
Connaissez-vous vos valeurs personnelles et votre environnement professionnel en favorise-t-il l’expression ? C’est assez frappant de constater que peu de personnes sont réellement en mesure de formuler clairement ce que sont leurs valeurs. Pourtant, l’adéquation de son travail avec les valeurs qui anime une personne est une dimension essentielle de sa santé physique et mentale. Etroitement liées au sens que l’on donne à son activité professionnelle, vivre en accord avec nos valeurs explique pour beaucoup le niveau d’engagement au travail. Difficile de travailler pour une organisation dont l’éthique est discutable si c’est une de nos valeurs. Insupportable de licencier quelqu’un pour de mauvaises raisons lorsqu’on est épris de justice. Usant de travailler pour un manager colérique si l’on a besoin de respect. Le quotidien professionnel est un champ idéal pour tester la fidélité aux valeurs qui nous sont chères et s’épargner de nombreux conflits intérieurs. Aller à l’encontre de ses valeurs dans son travail est source d’insatisfaction et de conflits avec sa hiérarchie ou entre collègues. Cette dissonance psychologique et physique génère le mauvais stress et nourrit les syndromes de plus en plus répandus de burn-out (épuisement), brown-out (perte de sens) ou de bore-out (ennui). Le psychologue social Shalom H. Schwartz et ses collègues ont identifié 19 valeurs individuelles fondamentales qui selon leur théorie:
- sont des croyances qui tiennent à cœur
- réfèrent à des buts désirables motivant l'action
- sont transsituationnelles
- servent de normes pour évaluer les actions, les politiques, les gens et les événements
- forment un système hiérarchique relativement durable, ordonné par importance
S'ajoutent deux autres caractéristiques :
- l'impact des valeurs sur les décisions quotidiennes est rarement conscient
- c'est l'importance relative des multiples valeurs concurrentes qui guident toute action ou attitude, c'est-à-dire les compromis entre les valeurs
Ces 19 valeurs sont organisées sur un continuum circulaire dans lequel les valeurs rapprochées sont compatibles et celles éloignées sont conflictuelles. Cette représentation graphique permet de saisir rapidement sa hiérarchie de valeurs et le test suivant permet de les définir.
(1) Schwartz, S. H., Cieciuch, J., Vecchione, M., Davidov, E., Fischer, R., Beierlein, C., Ramos, A., Verkasalo, M., Lönnqvist, J.-E., Demirutku, K., Dirilen-Gumus, O., Konty, M. (2012). Refining the theory of basic individual values. Journal of Personality and Social Psychology. Traduction libre et adaptation de Psychomédia.
- Qu’est-ce qui est important dans votre vie aujourd’hui ?
- Qu’aimez-vous faire ?
- Qu’est-ce qui vous a animé jusqu’à lors ?
- Quel est le but de votre vie ?
- Que cherchez-vous à accomplir ?
- Quand vous sentez-vous satisfait, voire pleinement épanoui ?
Pour conclure, si vous lisez ces mots, alors :
-
Je vous REMERCIE (entre autre) pour votre curiosité, votre patience et votre bienveillance...
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Je vous dis BRAVO car vous avez développé votre attention et bien usé de votre disponibilité mentale 🙂
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Je vous INVITE à "faire passer" à la vitesse de la lumière...
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Évaluation de l'article
Quelle forme, quelle énergie Eric ! Merci pour ce billet inspirant, qui me met de bonne humeur pour attaquer la semaine ! Je retiens ton questionnement, la vache, le plaisir de te lire